Wave étend ses activités à la distribution des crédits téléphoniques en Côte d'Ivoire, soulevant des questions sur sa stratégie et son impact sur 40 000 petits commerçants.
La distribution des crédits téléphoniques en Côte d'Ivoire connaît une nouvelle secousse avec l'arrivée de Wave, déjà active dans le mobile money. La fintech américaine, connue localement sous le nom de « Tapédo », ambitionne désormais de devenir un distributeur de recharges téléphoniques, sans posséder d'infrastructure de télécommunication propre.
Cette nouvelle offensive intervient après que Wave a modifié les équilibres du marché du transfert d'argent mobile avec sa commission fixe à 1%. La fintech, qui a levé des centaines de millions de dollars auprès de fonds d'investissement et d'institutions comme la Banque mondiale, utilise les infrastructures des opérateurs télécoms existants tout en s'imposant comme intermédiaire.
L'impact sur l'écosystème des détaillants
Le réseau de distribution du crédit téléphonique en Côte d'Ivoire repose sur plus de 40 000 points de vente. Ces kiosques et petits commerces, tenus par des jeunes, des femmes et des micro-entrepreneurs, assurent depuis plus d'une décennie l'accessibilité des services télécoms dans tous les quartiers.
« Ces détaillants ne sont pas des obstacles à la digitalisation, mais au contraire, ses premiers piliers de terrain », note le communiqué qui dénonce la stratégie de Wave. La chaîne de distribution actuelle fait vivre des familles entières et constitue un maillon essentiel de l'économie locale.
L'entrée de Wave dans ce secteur risque de déstabiliser cet équilibre, comme elle l'a fait dans le secteur du mobile money où les commissions ont connu une baisse brutale. Les petits commerçants, déjà fragilisés, pourraient voir leurs revenus diminuer davantage.
Des questions sur le modèle économique et la régulation
L'incursion de Wave dans la distribution de crédits téléphoniques suscite des interrogations sur la viabilité de son modèle économique basé sur des commissions faibles. « Est-ce parce que Wave sait que son modèle à 1% est économiquement intenable à long terme ? Est-ce parce qu'en s'attaquant au marché de la recharge, elle espère simplement trouver une nouvelle bouffée d'oxygène ? », s'interroge le communiqué.
La fintech « ne détient ni réseau mobile, ni licence d'opérateur, ni carte SIM, ni technologie de voix ou de données », tout en prétendant « pouvoir gérer à elle seule la distribution des crédits téléphoniques de ses concurrents ». Cette situation crée une asymétrie réglementaire que certains acteurs du secteur jugent préoccupante.
La question de la régulation se pose avec acuité. Faut-il « imposer à Wave les mêmes exigences qu'aux autres acteurs du secteur » ? L'État doit-il intervenir pour protéger un écosystème local « qui a mis des années à se bâtir » ? Le débat est ouvert sur la nécessité d'une « régulation ferme, équitable, et protectrice de l'économie locale ».
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