La CEI a déclaré irrecevable la requête de Charles Blé Goudé concernant son inscription sur la liste électorale pour la présidentielle 2025 en Côte d'Ivoire.
La CEI a tranché le contentieux opposant Charles Blé Goudé à l'administration électorale ivoirienne. Dans une fiche de notification de décision datée du 15 avril 2025, la Commission Électorale Indépendante a déclaré « irrecevable » la requête introduite par l'ancien ministre de la Jeunesse le 4 avril dernier. Ce document officiel, authentifié par les signatures des membres du bureau de la Commission Électorale Locale, met un terme aux démarches administratives entamées par le président du COJEP.
Cette décision s'inscrit dans le cadre de la révision de la liste électorale pour le scrutin présidentiel d'octobre 2025. Charles Blé Goudé, né le 1er janvier 1972, avait contesté son absence de la liste électorale provisoire publiée en mars dernier, espérant ainsi pouvoir participer au processus électoral en tant qu'électeur, voire comme candidat.
Les motifs du rejet sans examen du fond
La notification de la CEI se distingue par sa brièveté concernant les motifs de rejet. Sur le document consulté, seule la case « irrecevabilité » est cochée sans aucune explication complémentaire. Cette décision procédurale signifie que la Commission n'a pas examiné le fond de la requête, estimant que celle-ci ne remplissait pas les conditions formelles nécessaires à son examen.
Ce traitement contraste avec les autres options disponibles sur le formulaire officiel, qui prévoyait notamment la possibilité de juger la requête « recevable et fondée » pour procéder aux corrections sollicitées. La Commission aurait également pu considérer des cas de radiation pour décès, perte du droit de vote, ou encore surseoir à statuer dans l'attente d'une décision juridictionnelle.
Un obstacle judiciaire persistant
La décision de la CEI trouve son origine dans la situation judiciaire de Charles Blé Goudé. L'ancien leader des Jeunes Patriotes reste sous le coup d'une condamnation à vingt ans de prison prononcée par contumace par la justice ivoirienne pour des faits liés à la crise post-électorale de 2010-2011.
Contrairement à d'autres personnalités politiques impliquées dans cette période, Blé Goudé n'a pas bénéficié d'une amnistie présidentielle. Cette condamnation entraîne automatiquement la privation de ses droits civiques et politiques, empêchant son inscription sur les listes électorales malgré son acquittement prononcé par la Cour pénale internationale en 2019 et son retour en Côte d'Ivoire.
Le cas de Charles Blé Goudé n'est pas isolé dans le paysage politique ivoirien. La liste électorale provisoire publiée en mars 2025, qui comprend environ 8,7 millions d'électeurs, exclut également d'autres figures majeures de l'opposition comme l'ancien président Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, tous deux frappés d'inéligibilité pour des raisons judiciaires similaires.
Ces exclusions alimentent la controverse sur l'inclusivité du processus électoral à l'approche du scrutin présidentiel. La Coalition pour l'alternance pacifique en Côte d'Ivoire (CAP-CI) et plusieurs autres formations politiques ont exprimé leurs préoccupations, estimant que ces décisions administratives pourraient compromettre la légitimité des élections à venir.
Les conséquences politiques de cette décision
Le rejet du recours de Charles Blé Goudé intervient dans un contexte politique tendu, à six mois de l'élection présidentielle. Cette décision limite considérablement ses ambitions politiques et renforce le sentiment d'exclusion exprimé par une partie de l'opposition ivoirienne.
Les voies de recours restant à la disposition de l'ancien ministre apparaissent désormais restreintes. La mention « irrecevabilité » sans autre précision complique toute démarche juridictionnelle ultérieure, alors que le calendrier électoral continue d'avancer avec la finalisation prochaine des listes définitives.
Cette situation risque d'alimenter davantage les revendications de l'opposition pour une réforme électorale et un dialogue politique inclusif. Plusieurs observateurs s'inquiètent des conséquences de ces exclusions sur le climat social à l'approche d'un scrutin déterminant pour l'avenir politique de la Côte d'Ivoire.
A LIRE AUSSI
- Candidature de Mabri Toikeusse jugée irrecevable par le Conseil constitutionnel
- Procès en appel : « le juge déclare irrecevable l'appel de Guillaume Soro et tous les autres exilés »
- Assassinat de IB : la plainte contre Soro en France est irrecevable
- Affaire Akinwumi Adesina, président de la BAD accusé de favoritisme : la plainte irrecevable selon la Ceca
- Mamadou Traoré, pro-Soro: « voici pourquoi une plainte contre Soro sur la mort des hommes de IB serait irrecevable »